André Goosse fut évidemment l’un de nos invités prestigieux du Jeu des Dictionnaires, lui qui est un « Maître de la langue française ». Dans un ouvrage de 2003, que j’avais consacré précisément aux grammairiens, il en était le premier chapitre :
« Au vu de ses compétences, cela va de soi : cet académicien, ancien Secrétaire perpétuel, est un « maître » de la langue française. Il a vécu de l’intérieur la réforme de la nouvelle orthographe, par exemple dans sa confrontation avec l’Académie française, celle de la féminisation des noms de fonctions, de grades. De plus, il a suivi les cours de Joseph Hanse et de Maurice Grevisse. Sa passion des mots l’entraîna à demander à sa condisciple, la propre fille de Grevisse, de servir d’intermédiaire dans son dialogue avec le professeur. Cette passion des mots rejoignit alors celle de l’amour et il épousa Marie-Thérèse Grevisse… » C’est une partie de sa présentation.
Pour lui rendre hommage, au moment de sa disparition il y a quelques jours, voici un extrait des multiples conversations que j’ai eu la chance d’avoir avec lui.
« Au sujet de la « nouvelle orthographe », il faut d’abord rappeler ceci : aucun changement dans l’histoire de l’orthographe n’a donné de résultat immédiat. Lorsqu’au XVIe siècle, par exemple, des imprimeurs ont utilisé la cédille, il a fallu un certain nombre de générations avant que la cédille ne soit acceptée par tous les imprimeurs ainsi que par les usagers ordinaires. »
Et à propos de la féminisation :
« La féminisation est un autre problème et assez curieusement, autant certains trouvent impossible et criminel d’écrire « événement » avec un accent grave ou « nénufar », autant ils trouvent normal d’utiliser un féminin jusqu’ici inusité. La presse quotidienne a adopté très vite les formes nouvelles. On lit « la juge », « la députée », « la substitute » plus rarement. Cela a pénétré assez facilement et, dans une certaine mesure, cela correspond à une évolution normale, mais qui n’est pas aussi automatique et aussi « éthique » que le disent certaines féministes ».
Un mot encore, je me souviens lui avoir demandé en guise de clin d’oeil « Dit-on à ou en vélo » ? Il m’a répondu sagement qu’il ne répondait jamais sans avoir vérifié sa réponse dans le Bon Usage ! (La réponse est « à vélo » !)
(Ci-dessous André Goosse et en compagnie de Philippe Geluck et d’Amélie Nothomb il y a presque trois ans pour l’anniversaire du livre)
Monseur Myriam (@MonseurM) a dit:
Bonjour Jacques,
Tu ne pouvais mieux relater en ces termes élogieux, le parcours exceptionnel de ce grammairien si précis et si honnête dans ces multiples démarches. S’adapter avec ce temps qui passe plus vite que le fond et la forme de la langue française, suivre, innover et rester dans une logique qui ne trahit point le sens, n’est point chose aisée. C’est là que l’on reconnaît un génie.
Bien sincèrement,
Myriam
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jacquesmercier a dit:
Merci pour cet autre hommage ☀️
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Thanos Deligiannis a dit:
Heureusement, c’est « à vélo ».
Sinon il faudrait changer la chanson:
« En bicyclette
…
Avec Paulette »
Et ce ne serait pas aussi beau.
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jacquesmercier a dit:
Ça oui 😆
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