Bien sûr, il est des sujets plus brûlants, mais tout ce qui peut améliorer la vie et la communication me semble utile, à divers titres.
Depuis toujours, nous nous interrogeons en Belgique sur les noms de villes qui sont traduits et donc incompréhensibles pour ceux qui séjournent chez nous ou traversent notre pays. Qui n’a pas été interrogé sur ce Bergen ? (qui traduit Mons) ou pire sur le Rijsel – en France ! – qui traduit la ville de Lille !
On sait que la Belgique est étrange, qu’elle fut unilingue en français de 1830 à 1898, bilingue de 1898 à 1930 et unilingue par région depuis lors.
Sauf dans les 27 communes à facilités et dans certaines des 19 communes bruxelloises. Ce qui est logique dans notre système alambiqué.
Ainsi Comines/Warneton peut devenir Komen/Waasten,
Floblecq peut devenir Vloesberg,
Enghien peut devenir Edingen
et Mouscron devenir Moeskroen, etc.
Et dans l’autre sens :
Bever devient Biévène, Mesen devient Messines, Ronse devient Renaix, Voeren devient Fourons, etc.
A Bruxelles, on trouvera donc Bruxelles et Brussel, Ixelles et Elsene, Uccle et Ukkel, Forest et Vorst, etc.
Pour le reste, il faudrait nous expliquer et justifier l’utilisation dans les deux langues, alors que la séparation, après celle de BHV, semble actée ? Ce serait reconnaître l’identité des communes et simplifier la compréhension à l’extérieur.
(Il faudrait évidemment aussi que cela se fasse au niveau mondial : pourquoi utiliser encore « Pékin », qui doit dater d’un autre siècle colonial, alors que « Beijing » est le nom original?)
Parfois les traductions n’apportent aucune confusion, comme dans Aat pour Ath, Hal pour Halle ou De Panne pour La panne !
Mais comment s’en sortir avec :
Dworp pour Tourneppe
Eigenbrakel pour Braine-l’Alleud
Geldenaken pour Jodoigne
Graven pour Grez-Doiceau
Opzullik pour Silly
Borgworm pour Waremme
Wouteringen pour Otrange, etc.
En conclusion, sûrement provisoire, compte-tenu de vos réactions, je dirais que je m’apprête à dire plutôt Antwerpen que « Anver » (sans le s pour les Français), Gent (avec le T) que Gand et Brugge que Bruges. De même, j’aimerais que les Flamands disent Genappe plutôt que Genepïen, Liège plutôt que Luik…
Nicolas F. (@devantmonposte) a dit:
Je suis d’accord avec vous quant à l’utilisation des noms de villes belges, dans la langue originale de la région. (Bien qu’il faille alors accepter deux noms pour les communes bruxelloises qui sont officiellement bilingues).
Par contre, je suis plus mitigé quant à l’utilisation des noms de villes étrangères dans la langue originale. Vouloir utiliser la dénomination étrangère impliquerait une idée d’uniformisation et de cohérence. J’entends bien. Mais être cohérent n’est pas toujours simple. Pour commencer, de nombreuses villes s’écrivent en utilisant un alphabet différent. Cela implique déjà une retranscription latine qui au passage écorche certains sons qui sont inexistants. Ensuite, quel nom faut-il choisir pour une ville où il y a plusieurs langues officielles ? (Par exemple, San Sebastian en espagnol est appelée Donostia, en basque. Toutes deux langues officielles dans la région).
Devrait-on être plus souples lorsque l’on rencontre une ville à laquelle on a historiquement utilisé un nom francisé ?
– Si oui, alors quelle serait cette condition arbitraire ? Qu’un nombre incommensurable d’ouvrages utilisent un nom francisé ? Parce que Jérusalem est imprimé dans toutes les bibles francophones.
– Si non, alors quid de la retranscription (internationale ou française?). Devrait-on dorénavant dire Yerushalayim (retranscription internationale), voire Yérouchalaïm (transcription française) ? Sans oublier qu’en Israël il y a deux langues officielles, l’hébreu et l’arabe. Dans ce cas, Jérusalem est aussi appelée « al Quds » en arabe (retranscription anglophone, donc « al Kouds », francophone), mais encore plus difficile, officiellement la dénomination de la ville en arabe israélien n’est pas al Quds (comme dans le monde arabe) mais Ûrshalîm (soit « Ourchalim » si on devait franciser).
Ca devient donc assez compliqué. Je pense qu’il est préférable de se référer à l’usage. L’internationalisation naturelle se charge d’harmoniser peu à peu les prononciations. Par exemple, de plus en plus de personnes disent Beijing aussi en français. L’usage s’est chargée de rendre désuets l’utilisation de Hiérosolyme ou Solyme pour Jérusalem, Evroïc pour York, Estanhangue pour Stonehedge.
Par aller plus loin, on peut alors s’amuser à parler des gentilés qui découlent de ces noms. Serons-nous contraints à utiliser des periphrases à chaque fois que l’on veut utiliser un adjectif ou le nom d’un habitant ? Lorsque l’on décline un nom de ville, on le francise en le forçant à adopter une déclinaison française. Il faudrait donc bannir le mot « Milanais » et dire « habitant de Milan », ah non Milano (puisqu’on doit utiliser le nom original). Quoi que peut-être est-ce Milàn puisqu’on y parle aussi le lombard. Outre l’habitant, il y a aussi l’adjectif. « Ce plat milanais », doit-il devenir « ce plat originaire de Milano/Milàn » ? Ou bien encore accepter la forme originale, c’est-à-dire « ce plat milanese » ?
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jacquesmercier a dit:
Merci, Nicolas, pour cet intelligent commentaire bien étayé. En effet, le problème n’est pas simple !
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Dehandschutter Guy a dit:
Merci Jacques, pour ces villes belges traduites dans nos 2 langues par contre je ne suis pas pour ces traductions venu de l’étranger ex « Luttich pour liège » ou nous traduisons aussi Lille en Rijsel !!! J’ai une nostalgie et un clin d’ oeil à notre Stephane Steeman quand il traduisait Fleurus en Sovietebloem ou nous disait que le Pape était né à Middelkerke (milieu ou moyen de l’église)
Je me rappelle que lors de mes études secondaires au cours de néerlandais on avait dans le livre support la légende de Brabo à Antwerpen qui signifiait Jeter la main en ancien flamand mais je ne comprends pas pourquoi c’est devenu traduit en français par « Anvers » .
Je suis aussi pour des plaques signalétiques de route qui traduisent en patois local comme Charlewè pour Charleroi ce plaques souvent démontées par des voleurs collectionneurs .
Guy
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jacquesmercier a dit:
Oh, oui, Sovietebloem, quel souvenir ! Merc, Guy.
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dfraiture a dit:
Je suis pour, aussi, utiliser les noms originaux. Cela permettrait, aux touristes, de ne pas se perdre dans un pays étranger 🙂
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jacquesmercier a dit:
🙂
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JACQUE a dit:
Vous citez Opzullik pour Silly.et vous avez raison. En revanche, Bassilly se traduit par Zullik. La raison est simple: Bassilly existe depuis le 12è siècle, Silly n’apparaissant que bien plus tard.
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jacquesmercier a dit:
Merci pour la précision ! Amicalement
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Helvetia Jacot a dit:
Je tout à fait d’accord avec vous. Les villes de chaque régime linguistique ne doivent pas être traduites, elles doivent garder leur nom original. Il doit en être de même pour les villes étrangères. En France, Lille n’est pas Rijsel et en Allemagne, Aachen n’est pas Aix-la-Chapelle. Moi je vais à Kortijk et à Gent. Merci Monsieur dictionnaire☺
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jacquesmercier a dit:
Merci
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hjacot59 a dit:
Je suis d’accord avec vous. Je vais à Kortijk et à Gent. Lorsque je pars en France je passe près de Lille et non Rijsel et en Allemagne j’aime la ville d’Aachen et non Aix-la-Chapelle. Je ne m’explique pas pourquoi en Belgique nous devons nous compliquer la vie avec la traduction de noms de villes.Merci d’avoir abordé le sujet Monsieur Dictionnaire 😊
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jacquesmercier a dit:
Avec plaisir
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William Ancion a dit:
Bien d’accord avec vous,cher Jacques.C’est le bon sens,un produit qui n’est plus guère cultivé chez nous.Amitiés
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Reinaud a dit:
Le plus amusant c’est Lille-Rijsel alors que près d’Anrwerpen-Anvers on trouve une petite ville nommée Lille !
https://nl.m.wikipedia.org/wiki/Lille_(Belgi%C3%AB)
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jacquesmercier a dit:
🙂
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Willy Van de Velde a dit:
Bever qui devient Biévène, je le découvre grâce à vous.
Mais ça alors?!
« Bever », vous le savez sûrement, est le nom flamand du castor européen, dont la présence en Belgique a donné son nom à quelques communes des deux côtés de la frontière linguistique. Et le nom français du castor européen est « bièvre ». Or la commune de Bièvre (arrondissement de Dinant) ne semble pas être traduite en néerlandais!(https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_communes_belges_et_leur_traduction)
Quel pays, tout de même!
Bien amicalement.
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Willy Van de Velde a dit:
Bever qui devient Biévène, je le découvre grâce à vous.
Mais ça alors?!
« Bever », vous le savez sûrement, est le nom flamand du castor européen, dont la présence en Belgique a donné son nom à quelques communes des deux côtés de la frontière linguistique. Car le nom français du castor européen est « bièvre ». Or la commune de Bièvre (arrondissement de Dinant) ne semble pas être traduite en néerlandais!(https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_communes_belges_et_leur_traduction)
Quel pays, tout de même! Avez-vous dit « surréaliste »?
Bien amicalement.
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jacquesmercier a dit:
Merci pour vos précisions ☺
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