L’intervention de Philippe Geluck et son échange très vif avec Eric Van Rompuy en télévision sont devenus un « buzz » (bourdonnement qui s’amplifie) : plus de mille visites en quelques heures sur ce blog (un record), des liens (même sur You Tube), une page entière dans Le Soir de ce matin, avec l’avis (très tranché et faux) du politicien… Cela amène quelques réflexions, qui soulignent ce que vous en dites généralement : le débat nous a été confisqué, l’emballement des choses s’est fait sans l’approbation des citoyens, les codes politiques et tout ce qui concerne ces pouvoirs semblent à une distance vertigineuse de nos désirs… Etc ! On pourrait aussi et surtout parler (et je l’évoquais ainsi) de cette incroyable dérive du spectacle et des images. Tout passe par là, bien au-delà des principes (on le sait depuis longtemps à présent) et c’est sans doute ce qui a été le plus frappant dans cette intervention de Philippe (qui m’a fait penser tout-à-coup à celle de Daniel Balavoine face à Mitterrand en France) : on monte sur la scène (en principe réservée au pouvoir) et on casse le système, l’image : ce n’est plus du jeu ! On y réfléchissant hier, et en relisant des notes prises au cours de mes lectures, j’ai trouvé beaucoup de résonances : « Quand le présent est trop indigne du passé, le futur se venge » (Sollers), sur le pouvoir: « Nous voulons tous être célèbres; or, dès l’instant où nous désirons « être » quelque chose, nous cessons d’être libres » (Krishnamurti), « Haletons après une renommée qui ne volera pas à quelques lieues de notre tombe ! » (Chateaubriand), « Il y a fort à parier que le rire qui naît de l’humour humanise ceux qui le partagent » (Humbeeck), etc. Le partage c’est bien la base des discussions ?
Un buzz
26 mardi Oct 2010
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Que rajouter, sinon l’affirmation de notre entière adhésion à votre analyse.
Et » l’Amour et la haine ne peuvent cohabiter » (Matthieu Ricard). Ou encore (je ne sais plus quel joli olibrius a dit qu’) aucun olivier ne pousse où l’homme a imposé sa loi (souvent appelée la raison).
Par un de ces paradoxes qui constituent leurs fonds de commerce, les politiciens s’invitent régulièrement dans des émissions de variétés, encouragés par des producteurs drogués à «l’eau dite math» qui conditionne les rentrés publicitaires. Mais les artistes invités chez les chers élus, c’est inconcevable sauf pour cirer les pompes. Un humoriste chez les gens «sérieux», c’est aussi incongru qu’une gaufre de Bruxelles farcie au sirop de Liège vendue sur la digue du Zoute. On aimerait laisser ces élites de la nation croupir dans leurs mesquineries si elles n’avaient pas de conséquences déplorables sur notre vie quotidienne.
Pour votre citations-service :
Les grands esprits ont toujours rencontré une opposition farouche des esprits médiocres. Albert Einstein
La plaisanterie est un jeu, le jeu suppose l’égalité. Honoré de Balzac
Bonjour à vous cher Monsieur,
Tout d’abord, merci de nous laisser nous exprimer ici.
Mais pour ce qui est de la vidéo de Philippe Geluck à propos de l’émission miseau point de dimanche, il semblerait qu’elle ne soit plus sur « Youtube ». Enfin, je ne l’ai pas trouvée. Il se trouve que je suis parfois de permanence le WE. Je n’ai pas pu regarder l’émission.
C’est bien dommage de l’avoir ratée, j’aurais bien aimé voir cela.
Si quelq’un l’avait enregistrée ou retenue sur son blog, ce serait sympa de nous la publier ou de la faire passer par un moyen ou un autre.
Pas de buzz donc, jusqu’ici… (De toute manière, il n’y a aucun transport en commun qui roule par ici le soir ! ;))
Pour ce qui est de l’humour, il faut se rappeler, que le citoyen, s’il aime rire, il n’aime pas du tout que ce soit à ses dépends. Il attend donc du médecin, de l’avocat, du curé et du ministre, le plus grand sérieux. C’est une discipline à laquelle les notables s’astreignent en public, avec énormément de contraintes et de difficultés, au mépris de leur confort et plaisir personnel.
Et si le roi daigne en sourire, il est bien le seul à pouvoir le faire sans trop de mal. Mais vous observerez qu’il ne le fait jamais sans une profonde gêne. Ceci dit, si Philipppe Geluck était invité, au même titre que Pierre Kroll, il était évident qu’il fallait s’attendre à des facécies. Mais si en revanche il se présentait en tant que citoyen, (et non sous la couverture du « Chat », comme il le prétend dans sa vidéo de rattrapage) il aurait peut-être (je ne suis pas sûre) été préférable de faire preuve d’une certaine humilité, pour être au diapason avec ceux qui ne peuvent déroger à leur sérieux dans certaines conditions. Et je pense, qu’ils sont très loin de se moquer de nous. Mais leur mandat est très lourd à porter. Nous souffririons très certainement d’aigreurs, pour beaucoup moins que cela !
Bien cordialement,
Y.G.
A choisir entre le ministre Paul Magnette et le clown Philippe Geluck, je préfère décerner la palme de l’Humour au premier.
Rattacher la Wallonie à l’Allemagne, c’est bien plus comique comme perspective que de couper la côte(lette) belge en deux.
Si tous les politiciens wallons avaient ne serait-ce que 10% de la verve de Paul Magnette, les Flamands se montreraient moins rigides.
Oh mon ami, partout de jolies phrases, de jolies citations, de grands principes. Cela fait des mois que je sue eau et sang dans des dialogues aussi stériles (pas tous heureusement) que ceux du gouvernement et je sens un fossé s’élargir entre le nord et le sud. Personne ne le veut? mais tout le monde y contribue! Je n’aime pas les paradoxes!! Je le claironne dans chaque commentaire, je suis une philosophe rationnelle 🙂
Chacun y va de ses rancoeurs, de ce qu’on lui suggère (par le presse, les slogans, les médias) d’une image déformée de l’autre, d’une méconnaissance réaliste des conséquences économiques et politiques pour chaque partie.
Il est même trop tard pour l’humour, cela était bon en 2007. Maintenant, il me semble urgent de changer les négociateurs. Ils n’ont plus assez de recul et sont enlisés dans une fange dangereuse qui pourrait leur faire commettre un impair irréparable. Pourquoi toujours avoir une réaction en retard alors que le RTBF lançait joyeusement la bombe de la fin de la Belgique il y a peu? Je pense sincèrement, que les négociateurs sont dépassés et qu’ils sont arrivés au maximum de leurs capacités. Il faut tourner. Par contre, ils sont parvenus à diviser le peuple. Diviser pour mieux règner et le peuple est tombé dans le panneau. Il faudrait regrouper les troupes, si tel est encore le désir général au lieu de crier comme le PS un rattachement ici et là comme une poule qui a perdu sa tête ou comme la NVA qui rêve en écossais.
Oh mon ami….
Il y avait longtemps que je n’avais plus lu une intervention aussi lyrique sur un blog. Racine doit vous aimer dans sa tombe chère Patricia.
Heureusement qu’il y a des plumes comme la vôtre pour rappeler aux gens qui écrivent et disent souvent n’importe quoi que la sensibilité du peuple belge ne peut pas indéfiniment être malmenée par ceux qui se croient les plus malins. Non, vous n’êtes pas une philosophe rationnelle. Vous êtes une écorchée vive….comme 90% des Belges.
La video Geluck et Van Rompuy a été retirée de YOU TUBE (pour les droits) elle est sur la RTBF http://bit.ly/cM2gzi
Je vous remercie beaucoup, cher Monsieur, cela m’a permis de me rendre compte à quel point l’intolérence est devenue capitale dans ces débats.
Ah ! le buzz ! On voudrait qu’il ne soit que nouveau, mais ce n’est rien d’autre que du bon vieux commérage. Untel a dit ça a untel et le second untel s’est mis en colère, je te jure. De untel à Intel, l’untelect n’a pas tant évolué que ça. La différence, c’est que sous Napoléon, on disait «…alors, figure-toi qu’il a dit à Tayllerand qu’il pouvait aller se faire voir chez les Chouans». Aujourd’hui, on envoie un lien avec «regarde ce que Van Rompuy a dit à Geluck». Au moins, la vérité est plus difficile à modifier. Parce que d’un estaminet à l’autre, des Chouans, Bonaparte aura bientôt fait d’envoyer Tayllerand chez les Bretons, chez les Belges, les Basques, les Corses, les Grecs, les Tahitiens, les Martiens. On trouvera même probablement des commères pour inverser les rôles, et savoir de source sûre que Tayllerand aura envoyé l’Empereur se voir chez les Russes. Ou à Waterloo.
L’unletnel change tout ça. C’est désormais filmé, précis, c’est la vérité. Sauf que. Ce n’est plus tant la réalité du mot dit qui est tronquée, c’est désormais le choix qui l’est. Qu’a dit Van Rompuy avant ? Qu’a-t-il dit après ? Quelle était l’ambiance du plateau ? Connaît-il Geluck ? Bien sûr, sa colère était notable, révélatrice probablement. Mais les extraits que nous regardons chaque jour sont une réalité sélective, tronquée, hors contexte. Et rien ne change fondamentalement : c’est toujours le spectateur qui choisit sa vérité dans ce qu’il voit.
Le buzz commercial impose aussi sa Loi. Sans le net, Zemmour et Naulleau(brigida) seraient deux fois moins célèbres. Les méchants de service sont la meilleure pub de l’émission de Ruquier. Provoquer les invités en les agressant par des pseudo-analyses à la petite semaine, c’est du pain et des jeux, c’est le sang symbolique du petit écran. Raphaël est jeté dans l’arène où Z&N vont le lacérer avec leurs griffes de mots. Quand Raphaël réagit, quand Isabelle Mergault les moque dans un grand-guignol cathodique, le clip est soigneusement découpé, mis en ligne, relayé par la presse, les gens. Et ça n’est rien d’autre que de la pub bien organisée pour une émission trash.
Oui, «trash» signifie poubelle. Au moins, cette télé-là en reste au symbole du sanguinaire. Un peu comme le safari photo symbolise la chasse sans provoquer la mort. Le trophée, c’est la photo. Dans l’arène de Ruquier, ce sont des vedettes, des gens qui ont des choses à dire, qu’on envoie dans l’arène toréer les bœufs de service. Ils en ressortent quelquefois avec les oreilles de Naullaud et la queue de Zemmour. C’est déjà ça. C’est peut-être encore le dernier moyen de promouvoir des bons spectacles : se laisser inviter dans le pire. C’est moins pire que la télé-réalité.
Enfin, il y a le buzz engagé. Comme ces jeunes gens qui ont filmé le barbouillage du Republiek Vlaanderen de l’avenue Van Volxem. Et bien sûr, comme la vidéo de mon ami Jérôme de Gerlache qui m’a gentiment demandé d’en écrire le texte. L’idée était de faire un buzz pour intéresser les gens à leur pays et donner une personnalité à cette Belgique qu’on dit terne. On a fait attention à bien distiller le message. Sortant de la neutralité, on a fait exprès de parler des 300.000 Francophones de Flandre pour que les nationalistes ne puissent pas le récupérer. Pourtant, le Vlaams Belang l’a repris sur son site ! Ça dit le danger du buzz politique. Mais ça en dit aussi la force.
Notre petite vidéo, pour laquelle on espérait de 20.000 à 100.000 téléchargements (http://www.vimeo.com/15239617) en est désormais à plus de 760.000 sur YouTube et Vimeo. C’est là que le buzz échappe totalement au contrôle des auteurs. Ce qui signifie que le contrôle doit se faire avant. Il y a aujourd’hui une responsabilité de l’émetteur face au buzz qui dépasse celle du communicateur télé ou radio. Celui-ci atteindra 500.000 Belges dans le meilleur des cas, l’espace d’un instant, dans un cadre donné. Le buzz, lui, continue sa petite vie. Il n’est pas éphémère comme le JT ou un reportage vu tel ou tel jour. Il est là, on se le renvoie, on le rappelle, on l’analyse. Tout le presse le partage en ligne, Le Soir nous fait l’honneur d’une grosse demi-page. La BBC en parle.
Or, pour qu’il y ait buzz, il faut impérativement qu’il y ait provocation. La question est alors «qu’est-ce qu’on provoque, pourquoi, avec quels éléments ?» La tentation est grande de ne faire le buzz que pour le buzz, pour le ramener à soi, et c’est là toute l’ambiguïté du «starship» politique : il impose à l’émetteur de se poser sans cesse les questions fondamentales : «est-ce que je reste bien conscient, à chaque minute, que l’attention qui m’est prêtée est de ma responsabilité, que jamais je n’en fais usage pour me flatter (si ce n’est sur la justesse de mes arguments) ? Ai-je bien compris que je dois rendre aux idées, intégralement, le buzz qu’elles m’ont valu ? Suis-je conscient que chaque touit que j’envoie ne peut servir qu’à diffuser les valeurs auxquelles je crois ?» D’où un besoin de rigueur absolue dans la fantaisie. D’où un usage audacieux de la provoc indispensable, mais raisonné : c’est la justesse de notre raisonnement qui doit être provocante, et rien d’autre. Le décalage peut être provoquant. Mais jamais les idées. Jamais la provoc pour la provoc. Et c’est vite dit !
Le net, sa rapidité, son pouvoir, est aussi libératoire que dangereux. Ce n’est pas le média qui l’est, jamais. C’est ce qu’on y diffuse. Le «petit peuple» prendra toujours ce qu’il y a de pire, ce qui le choque. La nature des messages que nous envoyons est fondamentale. Une fois envoyé, le message n’est plus contrôlable. On a besoin de communicateurs conscients de ces responsabilités à tout moment, et ce disant, je ne sais toujours pas si je le suis assez. Il y a une séduction terrible à voir son message relayé, d’où la tentation de ne l’envoyer, de ne le concevoir que pour qu’il fasse tache d’huile, et personne ne sort indemne de cette confrontation.
Pas même Philippe Geluck, quand, le lendemain de ce clash pertinent, il met tous les politiciens dans un même sac lesté du plomb un peu trop facile du «ils se moquent de nous ; ils sont payés pour ne rien faire». Et moi, bien sûr, de même, il m’arrive d’aller un pont trop loin. Les mots sont si vite dits, si vite écrits. On les lâche avant d’avoir pu en peser les conséquences. C’est parfois une phrase anodine qui ressort, seule, de toute une interview. Anodine, mais marquante. Sarko ne peut plus dire «casse-toi, connard» comme auparavant, parce que les téléphones filment aujourd’hui. Et tout ce qu’il a pu dire ou faire avant et après cette phrase-là tombe dans l’oubli au moment où l’insulte est extraite d’un tout, régurgitée, envoyée, distillée, propagandée.
Confrontés à la terrible constatation que notre pays se meurt peut-être (et ce ne serait rien si ce n’était qu’un État — la Belgique — qui disparaissait, c’est bien plus grave quand il s’agit de la Belgitude ; la meilleure preuve n’est-elle pas l’assassinat de l’autodérision belge, ici symbolisée par Geluck, par un homme politique nationaliste, ici incarné par Van Rompuy ?) les médias ne peuvent pas se tromper, et se tromperont quoiqu’ils fassent. Mais il en était de même pour la Révolution française. Une fois lancée, elle ne pouvait plus qu’être meurtrière, et la Terreur n’était pas évitable. Le message original était violent, exalté. En soulevant le peuple de Paris le 14 juillet 89, lui faisant croire que Louis XVI avait ordonné à ses troupes d’égorger tous les émeutiers des journées précédentes, Camille Desmoulins actionnait déjà sa propre guillotine. Et en fait, rien n’a changé aujourd’hui. Même pas la rapidité des révolutions. Même pas l’inertie des dictatures. On a juste appris et compris dans l’heure que le gouvernement iranien n’hésitait pas à abattre des jeunes femmes dans la rue parce qu’elles demandaient le respect de leurs libertés constitutionnelles (oui, même en Iran, il y a des libertés constitutionnelles). Les vérités circulent plus vite, les mensonges aussi, les imbécillités aussi. Autant le savoir.
Là-dessus, je m’en vais écouter Les Filles du Bord de Mer. Mer belge. Mer flamande. Quelle importance pourvu qu’on ait la frite !
Bonjour cher Monsieur,
J’ai regardé votre vidéo avec grand plaisir.
Comment peut-on faire pour la partager et en faire bénéficier plus de monde ?
Je vous remercie de votre attention.
Philippe, rien ne sert de se justifier … tu as eu bien raison de mettre sur le tapis un partage de la côte belge et le plan « B »‘ sur le tapis, …
Dans le temps la belgique était un petit état surréaliste pratiquant l’auto-dérision et le 347e degré d’humour, … maintenant a cause des frères van Rompuy, jambon, de wever et autres nationaux socialistes du nord, nous en sommes a ne plus pouvoir dire, zwanzer, rire, s’esclaffer, pouffer, ricaner, sourire, se moquer, …. vivre !
Ubu es largement mis au rebut, le pauvre, totalement dépassé par la situation belgo-belge, … avec des politiciens flamands qui n’incarnent plus la flandre et qui salissent leurs administrés, … heureusement, la flandre ce n’est pas les politiciens flamands…
voilà ce qui arrive quand on manipule l’opinion publique de sa région depuis trop longtemps, … ils se sont « bloesés plus gros que le boeuf » et ont fini par croire à leur « supériorité », … arme kerels, …